Aux premiers jours d’une année, on aime se remémorer les voyages de l’an passé. Journalistes, bloggeurs, communicants aiment à contempler les pages tamponnées de leurs passeports, noircir leur calendrier, ressortir les billets d’avion, trier les vouchers hôteliers, et énumérer leurs nombreux périples sur leurs blogs ou supports de presse. Sans écarter l’hypothèse d’une compétition entre influenceurs, c’est le moyen d’attirer l’attention des différents sponsors et appeler à la contribution des fournisseurs pour faire montre de générosité au cours des mois à venir.
L’inventaire des voyages réalisés l’an passé sera maigre, et il faudra pourtant trouver du contenu pour suppléer cette litanie. D’où l’énumération des visites incontournables « à voir avant de mourir », Bucket List en anglais, ( « kick the bucket » signifie « casser sa pipe »). Les conseils de destinations semblent du reste calqués sur le déploiement des programmes de vaccination Covid-19 à l'échelle mondiale. Par hasard ?
Nous nous sommes trop souvent serrés la ceinture en 2020 (et malheureusement pas celle de notre siège d’avion lors du décollage) et nous entamons cette nouvelle année de façon assez inhabituelle, alors il faudra miser sur la qualité à défaut de quantité. Ces confinements à répétition ont restreint les opportunités de contacts directs et personnels. Les leçons de 2020 vont modifier de nombreux comportements, et nos envies, nos désirs seront porteurs d’une réflexion plus profonde.
Ce sentiment de manque a développé une recherche d’identité, une prise de conscience, un lien personnel avec les réalités de notre environnement immédiat, qu’on pensait uniquement atteignable à l’autre bout du monde. Cette évolution significative des mentalités aura-t-elle un impact sur la prise de conscience des voyageurs et des professionnels du tourisme ? Sevrés de voyages depuis de longs mois, profitons-en pour réinitialiser ce logiciel, et reconnaitre les erreurs passées. Au bout de ce chemin long et fastidieux, de ces défis qui se transformeront en autant d’opportunités, les voyages déclencheront cette force positive qui influencera les prises de consciences sociales, économiques et environnementales.
Pour cibler ces nouvelles valeurs, plutôt que de déterminer un choix de voyage en se demandant « Où ? », il faudra d’abord s’interroger sur le « Comment ? ». Parce qu’après avoir pris soin de nous-mêmes, de nos proches, de ceux qui nous entourent, il faudra apporter une dimension caritative, philanthropique, humanitaire, environnementale à nos voyages. Et penser à allonger leur durée, ce temps long permettant de mieux comprendre, mieux s’intégrer, mieux s’imprégner. Longuement confinés dans nos intérieurs et engoncés nos espaces urbains, partir à la recherche des grandes étendues qui ont tant fait défaut, y compris lors des derniers congés cet été. Avec le sentiment de n’avoir eu que des choix restreints, opter pour des voyages confectionnés sur mesure, et se sentir enfin maîtres de ses envies. En manque de défis et de dépassement de soi, chercher aussi à se lancer des défis d’aventures ou d’épreuves physiques.
Bien que les destinations accessibles ou autorisées restent encore limitées et que les voyages ne s’adressent qu’à une minorité de privilégiés, l’envie demeure forte de s’aventurer dans des lieux inconnus, découvrir des cultures mystérieuses, multiplier les rencontres et vivre des expériences pour enrichir nos vies au-delà de nos frontières intellectuelles et géographiques. Privilégier des destinations éthiques, propres, respectueuses des populations, de l’environnement, perspective qui nous a poussés à développer le Travel-Score. Redevenir gourmands de gastronomies étrangères, de danses mystiques, ou d’arts exogènes. Rester insatiables de paysages naturels, friands d’accueil hospitaliers, enthousiastes de partage.
Pour longtemps